Moonlight ou le risque du trop
J’ai choisi Moonlight parce que je l’ai vu récemment et qu’il fait partie de l’actualité, mais plusieurs films auraient pu faire affaire dans le titre. Que l’on soit d’accord, en principe de base, je ne suis pas critique de cinéma. Je suis spectateur lambda. J’ai mon bagage, ma culture, ce que j’ai vu, vécu et un peu d’expérience professionnelle comme compositeur. Je n’ai pas plus de légitimité que n’importe quel autre spectateur et mon avis est totalement subjectif et partial.
Ceci étant dit et posé, le sujet de ce post est finalement plus large que le film lui-même. Quand pendant plusieurs mois, des articles et publicités nous annoncent le meilleur film de l’année et plus que ça, quelque chose de jamais vu, vous pouvez imaginer l’attente qu’il en résulte.
Moonlight avait aussi soigné sa bande annonce et vendu sa musique de manière particulière. Une musique d’inspiration et d’écriture plutôt classique, des violons et pas de rap, de black music au sens large du terme pour un film de genre, de quartier (Liberty City, Miami).
Le film n’est pas désagréable à regarder. Il est juste décalé face aux attentes qu’il a pu susciter chez moi et chez d’autres spectateurs, pour avoir écouté les réactions du public après la séance. En terme de caméra, beaucoup d’effets, de flou, de mouvements à l’épaule ; c’est toujours sujet à critique. A quel moment l’effet sert le propos et quand est-il uniquement un effet ? Et puis, quand crie-t-on au génie et quand dit on « c’est dommage mon petit mais il faut apprendre à faire la mise au point » ? Tout ça renvoie à une question générale dans l’appréciation de l’art, des œuvres, à la limite de l’effet, de la forme sur le fond. On se retrouve parfois dans la position du spectateur face à une œuvre que l’on serait obligé d’aimer et de trouver exceptionnelle sous peine simplement de ne rien comprendre à l’art, à ce qui est « in », aux choses du moment. Je me garderai bien d’un jugement sur qui a raison ou pas. Quant à la valeur de l’œuvre, à mon sens, seul le temps fait son travail et permet de dégager l’essentiel. Par contre, je ferai bien un procès à la pression médiatique qui a quand même une fâcheuse tendance à vouloir imposer au plus grand nombre ce qui est bon ou pas. Mention particulière quand même aux Cahiers du Cinéma dont je partage, sur ce film en particulier, l’avis général.
Et la musique, originale certes, mais pas révolutionnaire. Tout fonctionne, est bien fait, vit relativement bien avec l’image mais créer un décalage stylistique avec l’image et les conventions des genres, n’est pas nouveau en soit. On pourrait arguer que finalement la musique se concentre sur la psychologie des protagonistes, ce qui est quand même plus que fréquent dans les multiples usages possible de la musique à l’image.
Nathanaël
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